Tsuitô Shakai pour Maurice

Retour sur le tsuitô shakai, séance de tir commémoratif, réalisé en l’honneur de Maurice Boniface. Textes Do Delaunay, photos Lu Wang.

Une solennité dense mais légère, un recueillement attentionné et doux, un silence concentré et partagé, tels étaient les ingrédients du TSUITÔ-SHAKAI en mémoire de MAURICE BONIFACE, décédé le 20 septembre 2023, cérémonie qui s’est déroulée le samedi 28 octobre au Dojo National de Noisiel.

Une quarantaine de tireurs, quatre membres de la famille et une vingtaine de personnes qui n’ont pas tiré ont participé à cet émouvant moment. Au nom de la KAP, j’ai lu mon texte d’hommage à Maurice que vous trouverez à la suite de cet article, puis Jean-François Decatra, qui a pris l’intérim de notre ami à la présidence de K2N, et de l’AFCK, et comme coordinateur de la CTK Île-de- France, a loué l’engagement de Maurice.

Claude Luzet a ensuite effectué un Makiwara sharei assisté de Vincent Payen et Christophe d’Alessandro. Suivit un Sannin-hitotsu-sharei réalisé par Yumi Minaminaka, Jean François Decatra et Dominique Inarra. Comme le veut la tradition en cas de cérémonie de deuil, il n’était pas permis de manifester son enthousiasme pour la beauté de ces tirs, pourtant les doigts picotaient d’envie dans l’atmosphère reliée qui baignait le shajo.

Puis huit Hitote-gyôsha lancèrent leurs deux flèches vers le blanc des matos avant le tir de remerciement TÔREISHA effectué par trois membres de la KAP, Yveline, Jean François Breuiller et Do Delaunay. Quelques mots de Sophie, la femme de Maurice, évoquèrent certains livres qui ont nourri sa voie et lui ont permis de partir dans un calme apaisé au terme de ses semaines de maladie. La mato de TÔREISHA fut découpée puis brûlée par Claude Luzet et Sophie Boniface et les cendres insérées dans le sable de l’azuchi. Avant que Naorai, moment convivial et apéritif ouvre l’éternel repos de MAURICE BONIFACE aux cœurs de nos mémoires.

à Maurice

Les sanglots qui me viennent à la gorge en cet après midi d’octobre ne seront ni longs ni monotones, mais simplement tristes comme une chanson d’automne. Qui berce mon cœur aujourd’hui mi doyen, mi orphelin.
Doyen, Maurice, car tu étais, en durée, celui de la KAP. 22 années de pratique, le compte est vrai, beau et bon. Tu avais rejointe la KAP dès les débuts de l’année 2001 quelques semaines après sa fondation par Dominique et Thierry Guillemain et par Anne Mosnier, elle aussi trop tôt envolée. J’y vins quelques semaines plus tard en compagnie de Michel Comin qui a eu comme toi la mauvaise idée de nous quitter il y a un an déjà. Nous étions tous les trois voisins de naissance de ce début d’année 54 et votre compagnie me manque déjà à l’orée des seventies qui approchent.

Je me sens désormais un peu doyen mais aussi un peu orphelin. Quand Thierry et Dominique ont progressivement lâché la KAP, tu en as pris la direction, insufflant dans notre petit groupe ce qui était devenu ton emblème, la fameuse « Fureur emblématique de la KAP » qui nous liait aussi par des sourires complices dans les vestiaires du Gymnase Leclaire et les encouragements d’avant Taikai que nous avons beaucoup fait ensemble. Tu fis preuve d’autorité, parfois un peu trop paternelle et de volontarisme toujours dynamique, exigent et enthousiasmant. L’afflux de jeunes recrues à l’automne 2022 vint nourrir et réjouir ta volonté de transmettre, de partager. La nouvelle et sympathique fournée de cet automne 2023 peut surfer sur l’énergie que tu as laissée dans les housses des tatamis et autres traces de tes joyeux bricolages, dans la mémoire des cordes et dans ta diction sonore du Reiki Shagi.

Je te connaissais peu en dehors des shajo et autre taikai, mais je ne peux pas évoquer l’intensité de ta présence sans citer une fameuse recette de dinde au whisky et aux éclats de rire, déclamée dans une Falaise Verte qui fêtait les 50 ans de Dominique et où tu décoras l’azuchi de petites matos aux estampes d’Hiroshige qui colorent encore aujourd’hui les murs de mon atelier. C’était le temps de la KAP Mobile où ta spacieuse voiture nous faisait de joyeux transports.

Te voilà parti au pays des miroirs sans cibles. Il nous reste dans le sensible de nos cœurs et de nos gants un sourire en forme d’arc, un regard en forme de kai.

Et la joie de t’avoir rencontré. Dans la flèche du temps.

do delaunay

Lecture du texte d’hommage par Do.

En attendant le tir d’ouverture.

Yawatashi avec un makiwara-sharei réalisé par Claude Luzet sensei assisté de Vincent Payen (daiichi kaizoe) et Christophe d’Alessandro (daini kaizoe).

Premier chôsha (tir dédié) avec un sannin-hitotsumato-sharei réalisé par Yumi Minaminaka sensei, Jean-François Decatra sensei et Dominique Inarra sensei.

Chôsha des participants, 8 hitote-gyôsha successifs.

Tôreisha (tir de remerciement) de la KAP avec un sannin-hitotsumato-sharei, effectué par Yveline, Jean-François Breuiller et Do Delaunay.

Brûlage du matogami du tôreisha au matoba.

À notre ami Maurice

Chers amis du kyûdô, de la KAP, de France et au delà,

C’est avec une profonde tristesse et un grand respect que nous vous informons du décès de notre ami et mentor bien-aimé, Maurice Boniface.

Il n’était pas seulement le président et l’un des enseignants de notre club, mais un phare d’énergie, de sagesse et de force, d’exigence et de perfectionnisme, dont les contributions ont façonné l’esprit de notre club et œuvré à la transmission de l’art du kyûdô.

En tant que kyûdôjin, Maurice était un pratiquant patient et déterminé, dont la participation indéfectible lors des stages et des tournois (souvent récompensé) aux quatre coins de la France et au delà a souvent été une source d’inspiration pour nous tous. Son dévouement inébranlable à la voie du kyûdô était une incarnation du principe de « Shin Zen Bi » (Vérité, Bonté, Beauté).

En tant que senpai, sa quête de la perfection technique et spirituelle dans le kyûdô n’était pas seulement un voyage personnel, mais un voyage partagé, car il s’assurait que chaque flèche qu’il décochait envoyait des étincelles de connaissance et d’encouragement à travers notre communauté.

En tant que président du club KAP depuis 2017, Maurice s’était emparé à bras le corps de ses responsabilités lorsque ses senseis lui avaient confié la responsabilité du club, fondé en 2000. Sa vision du club était ancrée dans l’esprit du « Rei ». Il a travaillé sans relâche pour faire de la KAP un espace où chaque pratiquant, quel que soit son niveau d’ancienneté, pouvait apprendre et se développer.

Maurice savait être partout à la fois, au club KAP, mais aussi à Noisiel en tant que président de K2N (le Kyûdôjô National de Noisiel), au CTK-IDF (Comité Technique Ile-de-France du Comité National de Kyûdô), à Noisiel (président de K2N), le tout en toute humilité.

Nos plus anciens pratiquants ont aussi connu le Maurice pilote de « Kapmobile », lorsqu’il convoyait avec entrain, bonne humeur et éclats de rire, le club aux différents stages. Comme ce stage mémorable organisé à la Falaise Verte pour l’anniversaire de notre sensei Dominique, où Maurice savait égayer même les soirées. Ou encore le Maurice organisateur à son domicile de Nuits du kyûdô agrémentées de repas festifs.

Son héritage n’est pas seulement dans les innombrables flèches qui ont volé sous son enseignement, mais dans les cœurs et les esprits de tous les archers qui ont eu le privilège de le connaître. Enseignant toute sa vie, Maurice avait tout particulièrement à cœur d’accompagner, dans un dévouement chaleureux et généreux, les nouveaux pratiquants dans la voie du kyûdô et aurait aimé cette rentrée 2023-2024 placée sous le signe d’un grand engouement pour le Kyudo.

La perte de Maurice nous rappelle l’essence du kyûdô : l’union de la technique, du corps et de l’esprit. Maurice nous a peut-être quitté physiquement, mais son esprit et son enseignement des techniques restent profondément gravés dans notre club et dans le cœur de chaque archer qu’il a accompagné sur la voie du kyûdô.

En cette période de tristesse, consolons-nous en nous souvenant de la vie de Maurice, non pas comme d’une perte, mais comme d’un voyage riche de mille et un chemins. Un arc tendu, une flèche décochée, la cible ultime qui est atteinte, la rémanence du Zanshin… telle était la vie de Maurice vécue dans l’essence du kyûdô.

Rentrée de septembre 2023

La séance de reprise du kyūdō à la KAP est prévue le samedi 9 septembre, aux horaires habituels (9h à 14h).

Il s’agira également de la séance d’accueil et d’observation pour tous ceux qui souhaitent découvrir notre club. Vous êtes intéressés ?

[mise à jour] : le samedi 30 septembre sera la dernière occasion de commencer kyūdō à la KAP cette année. Prochaine rentrée le 6 janvier 2024

– Venez ce jour-là vêtu d’un jogging sombre, tee shirt blanc et paire de chaussettes blanches.

Si à l’issue vous souhaitez vous inscrire, nous vous remettrons le formulaire d’inscription.

– Si ce n’est pas déjà fait, informez-nous-en sur la boite mail renseignée dans l’onglet contact,